Georgio-ANDREOTTA-CALO
Sans titre
Becky-BEASLEY
Sans titre
Wolfgang-BERKOWSKI
Sans titre
Stefan-BRUGGMAN
Sans titre
Manfred-PERNICE
Sans titre
Gianni-PIACENTINO
Sans titre
Giulia-PISCITELLI
Sans titre
Heather-ROWE
Sans titre
Nora-SCHULTZ
Sans titre
Alexandre-SINGH
Sans titre
Propos d’Europe 12 : la Fondation Hippocrène invite la Fondation Giuliani pour l’art contemporain
Despite Our Differences – La Fondation Hippocrène invite la Fondation Giuliani pour l’art contemporain
Les expositions Propos d’Europe consistent à parcourir année après année la création contemporaine européenne. L’exposition de cette année marque un changement d’approche par rapport aux éditions précédentes et une nouvelle étape dans le développement de la Fondation Hippocrène.
Propos d’Europe 12 est le fruit d’une collaboration avec une institution privée italienne, la Fondation Giuliani, qui rassemble, avec ses fondateurs, les oeuvres d’artistes contemporains européens et mondiaux de premier plan et de la jeune génération. C’est la directrice de la Fondation Giuliani, Adrienne Drake, qui est commissaire de l’exposition. D’origine anglo-saxonne, elle vit en Italie depuis de nombreuses années. Après s’être imprégnée de l’agence Mallet-Stevens, siège de la Fondation Hippocrène, elle a sélectionné un petit nombre d’oeuvres d’artistes européens faisant partie de la collection Giuliani, oeuvres qui viennent habiter le lieu et s’offrir, chacune à leur manière, au regard du spectateur aguerri.
Le titre de l’exposition, Despite our Differences, s’expose à des interprétations multiples. Il traduit tout d’abord le choix des oeuvres, qui utilisent des techniques et des matériaux variés. On pourrait penser qu’elles n’ont pas de lien entre elles. Pourtant elles se répondent entre elles et dialoguent avec l’architecture de l’espace. Ainsi, si elles tranchent les unes avec les autres, elles sont finalement réunies dans un lieu au sein d’une exposition qui les relie par son objet même si bien que l’appréhension de chaque oeuvre prend sens par rapport à l’appréhension des autres.
Ce titre peut également porter sur les deux fondations porteurs de ce projet, l’une italienne l’autre française, toutes deux familiales, l’une dédiée à l’art contemporain et l’autre à la jeunesse et à l’Europe, fondations qui se rassemblent dans le cadre de ce beau projet en apportant chacune leur identité et leurs atouts. Ce partenariat les enrichit l’une l’autre notamment par les regards croisés que les visiteurs de l’exposition pourront porter sur ces deux institutions.
Il peut enfin faire allusion aux différents pays européens qui coexistent au sein d’un tout qui les dépasse et que nous sommes heureux de continuer à explorer et à faire connaître.
Pour toutes ces raisons, nous adressons nos remerciements chaleureux à Giovanni et Valeria Giuliani, à la Fondation Giuliani, ainsi qu’à Adrienne Drake qui ont permis la naissance de ce projet qui nous enthousiasme. Nous espérons qu’il sera le premier d’un partenariat fructueux.
Au-delà de l’art contemporain, cette exposition conjointe avec une fondation italienne s’inscrit plus généralement dans la stratégie de développement de l’ensemble de nos domaines d’activités, notamment l’éducation à l’Europe. En juin dernier, nous avons ainsi concrétisé un partenariat avec la Fondation Allianz autour de la remise du Grand Prix Paris-Berlin organisé à l’occasion du 50ème anniversaire de la signature du Traité de l’Elysée entre la France et l’Allemagne. Ce prix a été décerné à des classes françaises et allemandes. Citons encore la Fondation Evens (Belgique), la Fondation Genshagen (Allemagne) ou la Fondation Karolyi (Hongrie) avec qui nous avons développé des activités conjointes par le passé.
Nous sommes convaincus que l’Europe a beaucoup à gagner à ce que les acteurs de la société civile des différents pays travaillent de plus en plus main dans la main dans tous les domaines. Nous comptons ainsi continuer à nouer des partenariats avec d’autres fondations européennes sur des sujets concrets dans les différents pays du continent afin de contribuer à faire vivre l’Europe et de renforcer sa cohésion.
visualisez le catalogue de l’exposition
Despite our Differences (Au-delà de nos Différences) présente une sélection d’oeuvres d’art de la Collection Giuliani, à laquelle vient s’ajouter une installation in-situ commandée spécifiquement pour l’exposition. Plutôt que de lier les oeuvres à un thème central, l’exposition part d’une logique libre, fidèle à la nature hybride de la Collection. L’exposition est envisagée plus comme une constellation d’idées liées entre elles dans lesquelles des micros-conversations entre les oeuvres illustrent des récits croisés et des propriétés relationnelles.
Certaines des oeuvres répondent au lieu, en réagissant aux différents aspects de la structure de l’immeuble : surface, échelle et point de vue. L’installation de Wolfgang Berkowski, (This is how you disappear/ Grid) Case Study IV (2013), s’insinue directement dans l’architecture existante, en étudiant sa capacité à modeler la représentation et l’expérience de l’art. Ses Models for Inflatable Cages (2004/2013) modulent et limitent les mouvements du public, en proposant une discussion sur leur existence même : l’oeuvre versus le public. L’oeuvre de Manfred Pernice, Untitled (AVA) (2008) quant à elle, tire le spectateur loin de la surface et le positionne complètement au centre de l’espace d’exposition, libre de circuler autour de l’oeuvre. Ce monument constitué de planches d’aggloméré emboitées, de fragments architecturaux et d’une collection disparate de restes d’objets de consommation – un paquet de cigarette vide, de la vaisselle, un emballage de hamburger McDonald, commémore les moments oubliés du quotidien. La disposition architecturale de Untitled (AVA) agit d’avantage comme un contrepoint à la forme naturelle de l’oeuvre de Giorgio Andreotta Calò, Clessidra (U) (2013), une sculpture en bronze fondue à partir d’un poteau d’amarrage détérioré trouvé dans la lagune de Venise. Au fil des ans, la marée et l’eau salée ont transformé ce poteau en un témoin du temps, à l’allure à la fois grossière et étonnante.
Les sculptures anti-monumentales de Nora Schultz sont typiquement faites à partir de matériaux industriels récupérés, déchets abandonnés de la contemporanéité sortis de leur contexte d’origine et réassemblés par l’artiste. Cette matérialité candide imprègne ses sculptures
avec l’immédiateté du moment présent. La pièce au sol Model for Underground Airport (After Vantongerloo) (2010) dessine le chemin du spectateur lorsqu’il marche dans l’espace. Gianni Piacentino aborde de manière similaire les conventions de l’espace et de l’environnement d’une l’oeuvre avec son Dark Red-Purple Small Pole III (1966). Cette oeuvre réalisée avec beaucoup de savoir-faire ne démontre pas seulement l’investigation de l’artiste faite à la fois à ses débuts mais aussi sur la durée sur la recherche chromatique, le talent artistique et l’ambiguïté de la forme dans l’espace, en contraste avec les matériaux dégrossis de Schultz, elle repousse les frontières de la sculpture et du design.
De telles frontières sont questionnées encore plus loin par d’autres oeuvres de l’exposition dans une interaction dynamique entre différents supports et l’étude de la forme. Concerning the Apparent Asymmetry of Time: Painting (2010), d’Alexandre Singh, imagine une chronique de l’art moderne comme si la seconde loi thermodynamique avait été inversée : comme si, à la place d’un mouvement vers le désordre, il y avait une tendance naturelle à l’ordre. L’histoire qui en résulte apparait comme un organigramme complexe qui mêle faits et fiction. L’artiste questionne la représentation et la narration historiques et montre que le langage et les idées peuvent muter et changer avec le temps.
Il positionne le dessin non pas seulement comme un geste physique mais aussi comme un conduit pour des dispositions qui suggèrent des possibles interprétations et processus de connexion.
L’oeuvre de Becky Beasley oscille entre sculpture et photographie dans le cadre d’une exploration de la relation entre l’image et l’objet, le corps et l’intériorité. Ses deux oeuvres qui font partie de l’exposition, la photographie Figure (Part 2) (2008) et la sculpture Plank III (Covering Ground) (2008), soulignent l’interrogation de l’artiste sur la manière dont l’image, l’objet et le langage opèrent en relation les uns avec les autres. Heather Rowe interroge quant à elle les zones autour de la sculpture, l’architecture et de l’installation. Elle joue avec les espaces transitionnels et utilise une stratégie qui fait allusion à l’espace des modèles architecturaux, mais son utilisation des mises à l’échelle et
des matériaux invite à une relation en face-à-face avec le spectateur. Dans Untitled (2009), le verre foncé et les miroirs d’angle reflètent et déforment le corps du spectateur qui évolue dans l’espace d’exposition.
On ne peut avoir qu’un obscur reflet, une représentation partielle de soi, qui fait allusion à la peur subliminale de la fragmentation de l’ego. Le corps est également le sujet de la projection vidéo en noir et blanc Plessimetro (2009), de Giulia Piscitelli, dans laquelle des personnages obscurs qui ressemblent à des fantômes essaient de bouger à l’unisson sur un rythme répétitif et régulier. Piscitelli étudie le quotidien individuel et collectif dans une quête de déchiffrage du sujet – et en particulier l’artiste-sujet – à travers l’exploration de l’identité et de personnages. Avec ses Seven Reversed Mirrors (2010), Stefan Brüggemann refuse en revanche au spectateur la reconnaissance du corps. On refuse aux miroirs leur fonction d’origine et ils sont tournés contre le mur afin que rien ne puisse se refléter sur eux – aucune image, aucune idée. En retournant le miroir, l’artiste nie de manière ultime la relation qui existe entre l’art et son spectateur, l’art et la réalité.
Adrienne Drake, commissaire
|