Blanca-Casas-BRULLET
Prendas, 2001 , Photographie
Courtesy galerie Françoise Paviot, © Blanca Casas Brullet
Miguel-Angel-CAMPANO
Sans titre , Huile sur toile , 69 x 36 cm
© Miguel Angel Campano
Esther-FERRER
Le livre des têtes, évolution, Métamorphoses, 2005 , Photo couleur montage ordinateur
Courtesy galerie Lara Vincy © Esther Ferrer
Emilio-LÓPEZ-MENCHERO
Les (dé)Ratés, 2009 , Encre de chine sur papier format A4 , (2003-2009)
Courtesy Camille von Scholz © Emilio López–Menchero
Carlos-PAZOS
Escandorgue en el desierto. Bodegón del mono adivino
(En écoutant le désert. Nature morte avec singe devin), 2005 ,
Image lenticulaire à partir d’un collage numérique , 100 x 200 cm
© Carlos Pazos
Angel-VERGARA
Extrait de la vidéo : Groupe d’ouvriers en grève tiré de la serie El pintor, 2007 , Vidéo
© Angel Vergara
Jaume-XIFRA
Girona+Dali, 2010 , Image numérique sur toile , 116 x 89 cm
© Jaume Xifra
Evru-ZUSH
Stones of my mind, 1974 , Dessin à l’encre , 25 x 35 cm
Collection Antoine de Galbert et galerie de France © Zush
Propos d’’Europe 9.0 : Des artistes espagnols à Paris
Après la Hongrie et l’Allemagne, l’exposition Propos d’Europe s’ouvre cette année à l’Espagne. Cette ouverture répond à deux objectifs de la Fondation Hippocrène.
Tout d’abord, nous continuons à parcourir le kaléidoscope de la création européenne. Grâce à l’artiste Carlos Pazos, que nous remercions pour son aide précieuse dans l’organisation de cette exposition, Jeannette Zwingenberger, commissaire, a pu réunir des oeuvres de huit artistes espagnols pleinement européens. Ils vivent en France ou fréquentent notre pays en permanence, et sont tous polyglottes. Propos d’Europe 9.0 reprend l’un de ses principes d’origine en mêlant des oeuvres d’artistes particulièrement reconnus – Miguel Angel Campano, Esther Ferrer, Jaume Xifra, Evru Zush et Carlos Pazos – à celles d’artistes émergents, Blanca Casas Brullet,AngelVergara Santiago et Emilio López–Menchero. Au–delà de cette exposition particulière, nous rappelons que Propos d’Europe vise à permettre des rencontres entre les artistes qui participent depuis bientôt dix ans à cette série d’expositions et à créer ainsi un réseau d’artistes européens.
Le deuxième objectif de la Fondation est de poursuivre la mise en oeuvre de l’ouverture aux autres pays européens et ce dans tous les domaines. Le choix de l’Espagne repose sur plusieurs réflexions. Le fait que l’Espagne assure en 2010 la présidence tournante de l’Union Européenne n’a pas été un critère de décision, mais apparaît comme une heureuse coïncidence.
« Qu’est–ce que la vie ? Une fureur. Qu’est donc la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction… ». Ce vers de Pedro Calderón de la Barca est emblématique de l’exposition à la Fondation Hippocrène de huit artistes de la scène espagnole contemporaine dont quatre Miguel Angel Campano, Blanca Casas Brullet, Esther Ferrer et Jaume Xifra ont fait le choix de vivre à Paris, Carlos Pazos, Evru Zush, Angel Vergara et Emilio López–Menchero, y résident souvent.
Ils interrogent le théâtre du monde, ce qui nous entoure, les objets de notre quotidien, la réalité tout court. Leurs oeuvres sont une réflexion sur l’illusion du monde, le jeu et le songe, l’ingénuité de la fable et la complexité de la construction symbolique. C’est le réel qui se dérobe. La diversité de leurs ap– proches performance, photo, installation, objet, peinture et film, s’inscrit dans la logique du montage, mettant en avant une réalité fragmentée et énigmatique que les spectateurs sont appelés à décoder. Ici, être artiste s’apparente à une attitude ironique et subversive face à la vie mais aussi à une résistance contre la léthargie sociale et aussi culturelle.
Ces artistes sont polyglottes ; ils parlent l’espagnol comme le français et possèdent une grande culture poétique et conceptuelle nourrie tant par la littérature que par la philosophie et les sciences. Les thèmes récurrents sont le portrait et la déconstruction de l’image, dans une picturalité qui entre en dialogue avec les artistes de l’histoire de l’art.
Bien qu’ils aient exposé dans des institutions (MACBA. Museu d’Art Contemporani de Barcelone et Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia) et qu’ils soient récompensés par des prix (Miguel Angel Campano, Esther Ferrer et Carlos Pazos ont reçu le Prix National des Arts Plastiques décernés par le Ministre de la Culture en Espagne), ce sont des artistes singuliers qui ont une manière particulière de vivre leur engagement poétique qui est tout à la fois politique et culturel. Les références à l’histoire de la peinture, entre autres à Goya,Vélasquez et Dali et à la littérature sont toujours présentes dans leurs oeuvres. La question du regardeur et du regardé, de l’interaction entre l’artiste et son modèle, de ce que l’on dissimule et de ce que l’on donne à voir, mise en scène dans le chef–d’oeuvre de Vélasquez “Les Ménines”, reste toujours d’actualité. Le tableau de Carlos Pazos “En écoutant le désert. Nature morte avec singe devin”, renvoie à un épisode du Don Quichotte de Miguel de Cervantes. C’est une interrogation sur le rôle de l’artiste, rêveur et idéaliste, désireux de changer le monde…
Jeanette Zwingenberger
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