Katinka-BOCK
Verdichtung, 2008 , Bois, fer, clous , 250 x 2 x 2 cm
photographe : Cédrick Eymenier. © Courtesy Galerie Jocelyn Wolff.
Ulla-von-BRANDENBURG
Net, 2006 , Encre de chine sur papier découpé , 107 x 148 cm
Collection privée. © Courtesy galerie Art Concept
Markus-HANSEN
Romantic Sky in my own dirt No: 18 2008/9, 2009 , Poussière et vernis sur verre , 110 x 140 cm
Courtesy Agnes Montenay, © Markus Hansen.
Jürgen-NEFZGER
Aletsch Glacier, Switzerland, 2006 , Tirage C-print , 100 x 125 cm
© Courtesy Galerie Françoise Paviot.
Bernhard-RÜDIGER
Horizon (d'après Emil Nolde), 1999 , Encre sur papier , 57,5 x 76,5 cm
© Courtesy Traversée Zeitgenössische Kunst, Munich
Veit-STRATMANN
Les plates-formes de Berlin, 2008 , Caillebotis métalliques, profilés en acier, vérins , Modules de 60 x 60 x 10 cm
produit grâce au soutien de Copyright Projekte, Berlin
Barbara-THADEN
Sans titre, 2008 , Aquarelle et crayon sur papier , 17 x 11,5cm
© Barbara Thaden
Max-WECHSLER
Sans titre, 2009 , Papier marouflé sur contre-plaqué , 40 x 30 cm
© Max Wechsler.
Propos d’Europe 8.0 : Paris/Berlin
En 2008, la Fondation Hippocrène présente les oeuvres d’artistes allemands vivant à Paris dans le cadre d’une exposition réalisée sous le patronage de l’ambassade d’Allemagne à Paris et en partenariat avec le Goethe–Institut, qui ont tous deux accueilli ce projet à bras ouverts, ce dont nous les remercions chaleureusement. C’est la première fois que « Propos d’Europe » apporte sa pierre plus spécifiquement à l’enrichissement des relations franco–allemandes. Nous sommes particulièrement heureux de le faire cette année, quelques mois après que la tour Eiffel s’est revêtue de bleu et d’étoiles européennes, et quelques mois avant les commémorations du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin.
« Paris/Berlin », titre devenu classique qui a donné lieu à bien des expositions depuis celle qui avait été proposée par le Centre Pompidou en 1978. Récemment, plusieurs manifestations ont été organisées autour de ce thème et Propos d’Europe 8.0 s’inscrit dans cette dynamique.
Elle offre deux spécificités. D’une part, elle est organisée par une fondation européenne privée et indépendante dont l’action se place sur un autre plan que celui des institutions publiques ou marchandes. « Ni musée, ni centre d’art, la Fondation Hippocrène se veut un lieu vivant de rencontre entre des peintres, des musiciens, des philosophes, des psychanalystes, des écrivains, qui ont en commun l’idée de dépassement des frontières nationales. » (Jean Guyot). D’autre part, Propos d’Europe 8.0 présente des peintures, des dessins, des photographies, des sculptures et des vidéos d’artistes allemands qui ont décidé de vivre dans d’autres pays, aujourd’hui la France, en en parlant la langue, en s’immergeant concrètement dans une autre culture. Leurs oeuvres traduisent cet engagement humain, celui d’une vie qui, sans renier ses racines, dépasse les frontières, d’une vie de « citoyen du monde », ce qui s’inscrit dans la vision de la Fondation.
Hippocrène, elle aussi, souhaite continuer à dépasser les frontières.
L’an dernier, nous avons initié un mouvement de constitution d’un réseau de fondations européennes en commençant par un projet franco–hongrois.
D’ici quelques mois, plusieurs artistes français auront l’opportunité d’exposer à Berlin avec l’aide d’une fondation allemande.
Entre temps, nous avons noué des relations avec plusieurs autres fondations dans des domaines aussi divers que la paix, la culture et l’art contemporain. Ainsi la Fondation Evens (Belgique) a invité la Fondation Hippocrène à participer au prestigieux jury du prix Evens pour les arts visuels dont le lauréat 2009 a été Agnieszka Podgórska, artiste originaire de Pologne vivant en France, qui a travaillé en Italie et expose en Europe. Hippocrène était représentée dans ce jury par Jeanette Zwingenberger, historienne et critique d’art. Son engagement humaniste et sa volonté de décloisonnement dans tous les domaines, artistiques et philosophiques, nous ont touchés. Elle nous fait aujourd’hui l’amitié d’organiser cette exposition, ce dont nous la remercions très sincèrement.
Propos d’Europe 8.0 présente huit artistes originaires d’Allemagne vivant à Paris.
L’appartenance à une langue et à une culture forge une certaine perception, un rapport à la matérialité des choses et à leur figuration. En allemand, le mot Bild, image, a la même racine que Bildung : enseignement ou être cultivé. L’histoire tragique de l’Allemagne au XXe siècle a modifié notre approche du monde et a mis en doute notre propre culture.
L’oeuvre de Max Wechsler est emblématique de cette interrogation. Il fuit Berlin en 1939 pour se réfugier à Paris ; aujourd’hui il y retourne de nouveau. Ses tableaux, présentés à la Fondation Hippocrène, sont un palimpseste de signes énigmatiques, un mur de lettres dans une langue qui nous échappe.
Cette exposition est ainsi composée de plusieurs attitudes : dans les oeuvres de Bernhard Rüdiger et Markus Hansen, l’inquiétante étrangeté du passé resurgit derrière les apparences ; une manière d’être aux aguets. Les paysages photographiques de Jürgen Nefzger témoignent d’une menace sur notre biosphère. Une position plus conceptuelle, celle de Veit Stratmann propose des objets–mutants, alors que la sculpture de Katinka Bock interroge la nature même de l’objet.
Barbara Thaden ose dans ses dessins l’enchevêtrement de CorpsPaysage, une expérience sensuelle et intime, alors que la scène théâtrale d’Ulla von Brandenburg évoque les mythes éternels qui nous habitent.
Les oeuvres exposées à la Fondation Hippocrène créées par des artistes
circulant entre les pays européens et entre les langues, nous invitent à un
autre regard.
Jeanette Zwingenberger
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